Lancement d’une Maison d’Édition : Retour d’Expérience et Réflexions après un An et Demi de Tesseract Éditions
Bonjour à tous, ici Julien, gérant du groupe Tertium. Aujourd’hui, je souhaite partager avec vous une expérience qui m’a beaucoup appris : le lancement de notre maison d’édition, Tesseract Éditions, il y a maintenant un an et demi. Au fil de cette aventure, nous avons rencontré des défis et des moments d’euphorie. J’ai réalisé une vidéo sur ma chaîne YouTube où j’explore ces thèmes, mais je voulais en approfondir certains points ici sur mon blog.
Nous sommes maintenant à l’aube de notre premier bilan depuis l’ouverture de notre maison d’édition. Loin d’être une simple formalité, ce moment est crucial pour évaluer nos réussites et nos échecs. Mais une question fondamentale persiste : avons-nous réalisé suffisamment de ventes pour maintenir notre modèle économique viable ? Le nerf de la guerre dans l’édition, comme dans beaucoup d’autres secteurs, reste l’argent. Chaque livre vendu est une bouffée d’air frais pour une structure qui, comme nous, se bat contre les géants de l’industrie.
Ouvrir une maison d’édition dans le contexte actuel, où le numérique est roi et la consommation de contenu s’est profondément transformée, n’est pas une mince affaire. Il est évident que se lancer dans la vente de livres papier pourrait sembler fou dans un monde où tout est dématérialisé. Toutefois, notre démarche dépasse la simple commercialisation de livres. Nous croyons en l’importance d’une production littéraire responsable et éthique, d’abord pour l’environnement, puis pour le rapport humain que nous souhaitons instaurer entre nos lecteurs et notre catalogue.
Il est indéniable que le marché actuel est saturé de contenu. Chaque jour, des centaines de nouveaux livres arrivent sur les étagères des librairies. Dans ce tumulte, seuls quelques ouvrages, souvent ceux soutenus par de gros budgets de marketing, parviennent à se hisser au sommet. Pour nous, qui avons choisi de ne pas investir massivement dans la publicité et de privilégier des collaborations plus humaines et authentiques, la marche est haute.
Un autre point d’achoppement est la perception que les libraires ont de ces nouveaux acteurs. De notre côté, nous avons tenté de travailler main dans la main avec eux, mais le retour n’a pas toujours été à la hauteur de nos espérances. Les librairies, tout en étant des acteurs clés de la diffusion littéraire, sont parfois réticentes à prendre le risque d’aménager de l’espace pour nos ouvrages. En général, elles adoptent un modèle qui leur permet de récupérer les invendus, limitant ainsi leur exposition à de nouveaux titres. Cette dynamique révèle à quel point les maisons d’édition comme la nôtre doivent faire preuve de résilience et d’adaptabilité.
À ce jour, notre premier livre, intitulé « Brindilles », a rencontré un engouement initial. Nous avons vendu environ une centaine d’exemplaires, ce qui est encourageant, mais il nous reste beaucoup à faire. Cet engouement a été, dans un premier temps, alimenté par notre réseau proche. Les amis, la famille, et nos relations ont joué un rôle décisif pour donner une première impulsion à notre projet. Ensuite, nous avons mené quelques campagnes publicitaires, malgré notre budget limité.
Dans le même temps, nous avons lancé un comité de lecture, une initiative qui m’a permis de rencontrer de nombreux lecteurs passionnés. Je leur suis d’ailleurs très reconnaissant. Ce processus est long et rigoureux, car il implique une réelle réflexion sur le type de littérature que nous souhaitons promouvoir. Entre le tri des manuscrits et les lectures approfondies que nous demandons à notre comité, nous nous efforçons de sélectionner les œuvres qui correspondent à nos valeurs et notre vision. Cette démarche n’est pas seulement une question de choisir des best-sellers potentiels, mais bien d’investir dans des récits qui ont du sens et qui soient en phase avec notre identité de maison d’édition.
Nous avons aussi intégré des nouveautés dans notre modèle économique, comme la mise à disposition d’une nouvelle gratuite, « Sujet 21 », que vous pouvez trouver sur notre site web. Cette initiative vise à attirer un public plus large tout en maintenant une relation de confiance avec nos lecteurs. Il s’agit de leur donner un avant-goût de ce que nous pouvons offrir, sans aucune barrière financière.
Au-delà de ces considérations pratiques, j’aimerais aborder un point qui me tient particulièrement à cœur : la solidarité au sein de la communauté des lecteurs. La réalité du marché du livre montre une tendance inquiétante à la diminution du nombre de lecteurs. Cela soulève des questions sur notre rôle en tant que maison d’édition.
Peut-être faudrait-il favoriser une culture plus solidaire autour des nouvelles maisons d’édition, qui, comme nous, s’efforcent de faire grandir la littérature française. Les retours peuvent être très contrastés, allant de critiques constructives à des commentaires moins bienveillants envers nos expériences ou notre communication. Cette dynamique peut parfois décourager, mais elle est également un puissant moteur d’apprentissages.
À travers cette réflexion, nous sommes en train de redéfinir nos stratégies pour la deuxième année. Nous avons compris que la clé pour évoluer réside dans notre capacité à collecter les retours de notre communauté de lecteurs, d’identifier ce qui pourrait les inciter à lire ou à acheter nos livres, mais également à nous questionner sur les raisons qui poussent certains à ne pas s’intéresser au livre. Quelle est leur perception de l’édition aujourd’hui ? Quelles alternatives recherchent-ils ? Comment peut-on adapter notre offre à leurs attentes ?
Cette démarche est primordiale car nous voulons non seulement commercialiser des livres, mais également les faire vivre et entendre au sein de la communauté littéraire. Les bavardages autour de ces questions sont une opportunité d’échanges enrichissants, et chaque voix compte. Pour nous, créer une opportunité d’écoute et d’appartenance peut faire toute la différence dans le parcours d’un lecteur.
En définitive, même si notre premier bilan n’est pas celui que nous espérions, il ouvre la voie à l’exploration de nouvelles idées et à l’adaptation de notre modèle. Nous sommes déterminés à continuer à croire que nous pouvons avoir un impact sur le monde du livre et réussir contre vents et marées. Pour tous ceux qui envisagent de se lancer dans l’édition ou la création d’entreprise, je tiens à rappeler qu’il est essentiel de garder à l’esprit que chaque initiative a ses défis, mais aussi ses victoires. Ne craignez pas la faillite ou l’échec, car chaque pas que l’on fait est aussi un pas vers une meilleure compréhension de son métier et de son public.
En attendant de récupérer ma voix – qui, après plusieurs jours d’effort, a besoin de repos – je vous remercie de votre attention et de votre soutien. Si vous souhaitez plonger dans notre univers, n’hésitez pas à découvrir « Brindilles », disponible sur notre site, ainsi que notre nouvelle « Sujet 21 ». Restons connectés et continuons à construire ensemble ce pont entre les mots et les lecteurs !
Merci encore et à très bientôt !